Mort de Louis Fleury – Article de Robert Brussel

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MORT  DE  LOUIS  FLEURY

 

Une triste nouvelle nous parvient, qui affectera ceux qui aiment la musique et ses meilleurs serviteurs. 

Louis Fleury, le remarquable flûtiste, l’animateur de la Société Moderne des Instruments à Vent, l’infatigable champion de toutes les bonnes causes musicales, vient d’être emporté par un mal subit, à quarante-neuf ans.

Elève de Taffanel, et l’un des plus brillants, il avait remporté un premier prix au Conservatoire. Mais il appartenait à cette classe de virtuoses – si française par le sentiment, l’esprit et la culture – pour lesquels la virtuosité n’est pas un but, mais un moyen de mieux exprimer la musique et de la faire mieux comprendre et mieux aimer. 

Il avait répandu avec un zèle et un talent constants les plus belles œuvres de notre littérature pour instruments à vent, l’ancienne comme la moderne, Blavet et Naudot comme Caplet, Roussel et Ibert. 

Il était également aimé et hautement estimé dans les milieux musicaux étrangers où ses succès avaient été nombreux et toujours décisifs pour notre art, en Italie, en Espagne, à Salzbourg, à Vienne, à Londres où il faisait de fréquents séjours. 

Il y a quelques mois, il célébrait, en qualité de directeur de cette institution, le trentième anniversaire de la Société Moderne des Instruments à Vent fondée en 1895 par Georges Barrère et Louis Aubert. A cette occasion, les organisateurs avaient choisi quelques ouvrages parmi les cent trente œuvres pour la Société et données par elle en première audition. Ce catalogue magnifique est un résumé de notre musique contemporaine de Saint-Saëns à Darius Milhaud. On y voit inscrits les noms de Gabriel Pierné, de Vincent d’Indy, de Magnard, de Ch. Koechlin, de Mariotte, de Poulenc, de tant d’autres. Et il résume aussi toute la vie ardente de l’artiste que fut Louis Fleury. 

Et cet artiste se doublait d’un charmant écrivain. Il avait publié de vivants Souvenirs dans le Monde Musical écrits d’une plume alerte, malicieuse et toujours juste dans ses aperçus. 

C’est une des plus sympathiques physionomies du Paris musicien qui disparait et l’un des plus précieux auxiliaire de notre art moderne. 

 

Robert Brussel

      Article du Figaro dans le numéro du 12 juin 1926

Source Bibliothèque Nationale de France https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k294799b

 

 

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