Mort de Louis Fleury – Article de la rédaction de La Revue Musicale
MORT DE LOUIS FLEURY
La mort de Louis Fleury, survenue brusquement à 49 ans[1] après quelques jours de maladie, a douloureusement ému les milieux musicaux de Paris. C’est que Fleury n’était pas seulement un admirable flûtiste, c’était aussi un homme d’action, qui a joué un rôle des plus importants dans l’histoire du goût musical en France. Il fut du petit nombre de ceux qui ne se contentent pas de vivre au jour le jour de leur art et qui font preuve d’esprit d’initiative. Entreprenant, audacieux, curieux de tout, Fleury ne cessait d’explorer la musique du passé comme celle du présent. En 1905, il fondait [2] la Société Moderne des Instruments à vent, et, dès lors, ne cessait plus de parcourir l’Europe, prenant part à l’exécution des oeuvres les plus hardies des diverses écoles contemporaines. Au concert du 3 mai de l’Association des concerts de la Revue Musicale, il jouait encore en première audition, le quintette de Schönberg [3] . Ce fut à Paris son dernier concert public.
Il se passionnait pour la musique de flûte ancienne. Avec la précieuse collaboration de sa femme, Mme Fleury-Monchablon, il publiait [4] un grand nombre de sonates et de pièces de flûte du XVIII° siècle de Nodot [5] , Blavet, Bach, etc. Pour répandre cette musique, il fonda en 1906 la « Société des Concert d’Instruments anciens » et courut l’Europe avec cette excellente compagnie.
Ainsi, partageant sa vie entre la musique ancienne et la musique d’avant-garde, il se dépensa sans compter, prodiguant les premières auditions [6], ne reculant devant aucune oeuvre inconnue, quelle qu’en fût la difficulté, s’il la jugeait intéressante. Il ne s’arrêta que sur le bord de la tombe, alors qu’il organisait avec une ardeur fiévreuse le magnifique concert donné par Mrs Coolidge, dont nous rendons compte plus haut.
La mort de Fleury est une grosse perte pour la Musique, dont il fut toute sa vie le dévoué et enthousiaste serviteur.
A sa compagne si cruellement éprouvée, la Revue Musicale adresse ses condoléances et l’expression de sa très respectueuse sympathie.
LA RÉDACTION.
Juillet 1926
[1] En réalité, il meurt à l’âge de 48 ans.
[2] En réalité, il prît la succession de Georges Barrère qui fonda la Société Moderne des Instruments à Vent en 1895 avec Louis Aubert.
[3] II s’agit du Pierrot Lunaire.
[4] Chez Leduc
[5] = Naudot
[6] = premières auditions publiques, appelées aujourd’hui « créations ».
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