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Souvenirs d’un Flûtiste – 7. Le Chant – Comédiante Tragédiante

Parmi les nombreuses calomnies déversées sur notre glorieuse Ecole Nationale, la plus noire et la plus tenace est bien celle qui représente l’école du chant au Conservatoire comme inexistant. Les hommes sont bien méchants. Ils l’étaient en 1895 ; ils le sont encore et il le seront toujours . Certes toutes les grandes Etoiles ne sont pas sorties du Conservatoires et les plus illustres parmi les chanteurs ont appris leur métier ailleurs. Mais si vous ouvrez un vieux palmarès ou, mieux encore, l’indispensable et monumental « Constant-Pierre », vous y constaterez que la plupart des fonctionnaires qui ornent le plateau de nos deux grands subventionnés, sortent de notre Ecole Nationale…

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Les Sept Plaies de la Musique – 1. Le Billet à Prix Réduit

Ma première expérience du système des billets à droits remonte à quelque trente ans. C’était alors une nouveauté. Au cours de l’été torride de 1895, d’aimables voisins me confièrent obligeamment qu’ils pouvaient se procurer des billets de faveur pour le Théâtre du Château d’Eau et me prièrent de me joindre à eux. C’était le moment où une vague de charité féminine déferlait sur Paris. Tous les matins, dans Le Journal, Séverine vidait ses glandes lacrymales, qu’elle a fort développées, sur une nouvelle infortune ; et tous les après-midi, une étoile de beuglant, Eugénie Buffet, chantait dans les cours au profit des pauvres. Elle faisait cela comme l’oiseau respire, son genre de talent ayant trouvé là son véritable cadre…

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Les Sept Plaies de la Musique – 2. Conte de Noël

…Qui donc disait que nous n‘avons plus d’hiver ? Durant quinze jours Paris est resté sous la neige. A l’aigre bise qui vous coupait le visage a succédé la pluie et la tempête. Ce fut l’hiver, le vrai hiver des cartes postales illustrées et des almanachs, l’hiver traditionnel que nos enfants ne connaissaient pas. On gela partout. le chauffage central devint capricieux. Il marche encore dans les ministères, il va moins bien dans les écoles de l’Etat. Il s’est notamment arrêté dans les étages supérieurs de certain grand établissement. Les élèves tiennent bon : ils ont la ressource de rester chez eux. Les professeurs s’entêtent à faire leur classe et l’un d’eux y a gagné une bonne pleurésie dont il est mort en huit jours. Il faut bien faire de la place aux jeunes…

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Les Sept Plaies de la Musique – 3. Le Récital

J’écris ces lignes sous l’oeil réprobateur de ma fille « Papa ! » m’a-t-elle dit, écarlate d’indignation « Tu ne vas pas écrire que le Récital est une plaie !… » Elle est jeune ; elle travaille le piano ; je l’ai emmenée récemment entendre Risler ; elle en est revenue éblouie. De plus, elle a entendu dire qu’en Scandinavie, les artistes qui venaient de donner un Récital étaient reconduits jusqu’à leur hôtel par d’enthousiastes auditeurs qui les obligent à paraître au balcon…

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Les Sept Plaies de la Musique – 4. L’Affichage

Il s’en est fallu de peu qu’un affreux accident vînt, ce matin même, ensanglanter le paisible quartier de Passy, et jeter la consternation dans les milieux artistiques. J’en parle avec d’autant plus d’émoi que la victime présumée n’était autre que moi-même. La chose s’est passée rue de la Pompe, à l’angle de la rue Nicolo. Perdu dans la contemplation d’une palissade bariolée, je traversais de biais cette voie mouvementée lorsque je sentis sur mes reins la caresse (je dis la caresse, car il n’y avait pas eu choc) du capot d’une limousine. Le chauffeur avait pu freiner à temps…

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Les Sept Plaies de la Musique – 5. Les Parasites

Mes plus anciens souvenirs de théâtre remontent aux environs de l’année 1886. Nous habitions, ma mère et moi, une laide petite ville de l’Ile de France. Mon oncle et sa famille s’enorgueillissaient de vivre dans la Ville Lumière. A cette époque, la mode n’était pas venue d’échanger, au temps des vacances, un petit garçon français contre un boy britannique, mais nous pratiquions ce système en famille. Mes cousins manquaient d’air ; je manquais de distractions. Ils passaient donc leurs vacances sur les bords de l’Oise, cependant que je venais me rafraîchir les poumons sur les berges du quai d’Austerlitz…

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Les Sept Plaies de la Musique – 6. La Musique à Toutes les Sauces

L’enveloppe armoriée que me remit, au sortir du Casino, un grand diable de valet galonné, contenait ces simples lignes :

« So sorry to have missed your Recital. Come and have a rest with us. It will be delightful ! The motor is waiting for you at the door. »
Pour les personnes qu’un long séjour sur la Côte d’Azur n’a pas familiarisées avec la langue du pays, je traduirais ainsi cette aimable missive, que je reconnus tout de suite comme émanant de ma vieille amie, cette bonne toquée de Lady Smithsfield :
« Désolée d’avoir manqué votre Récital. Venez vous reposer à la maison. Ce sera délicieux ! L’auto vous attend à la porte.»…

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Les Sept Plaies de la Musique – 7. La Musique à l’Oeil

Mes débuts dans la carrière artistico-mondaine remontent aux environs de 1899 et l’homme éminent qui m’en a ouvert l’accès n’est autre que mon vieil ami Le Dard, concierge du Conservatoire, ami et soutien des jeunes artistes, philanthrope né et « homme de bonne humeur », ce qui est rare chez les philanthropes.
Un matin de printemps, comme je me disposais à gagner la classe Taffanel, l’excellent homme me tendit sa main cordiale et m’apprit triomphalement « qu’il avait une bonne affaire pour moi »…

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À Propos du Pierrot Lunaire

L’une des difficultés – voire des attraits – de la vie d’un virtuose est le changement perpétuel de public. Chaque différence de salle, de ville ou de latitude l’oblige à s’acclimater physiquement et moralement. Les cordes vocales et les cordes de violon sont affectées par un changement de climat de la même manière, et d’une douzaine de façons différentes ; et puis, encore une fois, de même que l’interprète doit prendre le LA local dans chaque ville où il se rend, de même, il doit obtenir le LA de l’auditoire avant le jour « J ». S’il a suscité la veille l’enthousiasme d’une cité industrielle, l’accueil qui lui sera réservé le lendemain dans une ville à vocation administrative ou diplomatique pourra être tout à fait différent. Seul un artiste ayant fait une longue tournée dans un pays nouveau, connaît ces craintes perpétuelles et cette tension nerveuse incessante. Et, après tout, sans eux, sa vie serait trop facile et bien ennuyeuse…

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Lavignac – La Laurencie

La mort est venue surprendre Paul TAFFANEL quelques mois après qu’il m’eut offert de collaborer avec lui pour la rédaction de cet article. Mme TAFFANEL et feu Albert LAVIGNAC m’ont chargé alors de l’honneur redoutable de mettre au point le travail de mon maître.
La rédaction de l’article n’était pas commencée, mais j’ai eu entre les mains tous les documents, notes, références, que Paul TAFFANEL avaient accumulées durant toute une vie de recherches et de méditations sur un sujet qu’il rêvait de traiter à fond…

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Cobbett

Avant de procéder à la moindre énumération ou analyse des oeuvres de musique de chambre modernes faisant appel à la flûte, il est nécessaire de mentionner les causes de la réaction qui s’est produite au début du XX° siècle. De l’avis de l’auteur, la principale cause de ce regain d’intérêt est l’influence personnelle de plusieurs grands flûtistes qui ont dédaigné la composition d’oeuvres de pure virtuosité comme l’avaient fait leurs prédécesseurs, préférant mettre leur talent au service des grands maîtres classiques et contemporains…

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