À Eugène Wagner – 19 Avril 1913

De Louis Fleury, Amicale, Wagner | 0 commentaires

Paris le 19-4-1913

 

Mon cher Wagner, [Eugène Wagner ancien pianiste de la S. M. I. V. ]

Nous donnons notre séance – une seule cette année ! – le 19 mai aux Agriculteurs. Le programme comporte 2 oeuvres avec piano : le Quintette de Magnard et la Villanelle pour cor de Dukas. Les 2 oeuvres ouvrent ce programme et ensuite, reste plus que des N° sans piano. Le loufoque Edouard Bernard gîte, parait-il, en Corrèze, dans une grange. Il y fait de la peinture futuriste ou de la culture physique, peut-être les deux, mais le fait est qu’il n’est pas là et que mon plus grand désir est qu’il ne revienne pas. Les camarades m’ont chargé de te demander si tu ne pourrais pas exceptionnellement nous prêter ton concours pour cette séance et y Gaveauter les 2 N° en question qui sont réellement de la musique intéressante. Je te transmets leur demande en y joignant mon propre désir de te voir encore une fois parmi nous. Tu sais que tu es toujours regretté aux P. V. [1] notamment par ton serviteur. Tu vas dire que je te passe de la pommade, mais depuis que tu nous as lâchés, je n’ai pas jamais entendu le « ah » pâmé que saluait le petit trait de piano de l’adagio du Beethoven’s quintette.

Il est vrai que ces succès de charme ne se trouvent pas facilement dans la musique hérissée du sombre Alberic, mais c’est plus intéressant à jouer cependant, que du Patrice Devanchy ou du Souza-Meïral, gloires d’antan reléguées aux cabinets depuis pas mal de temps. Bref, j’insiste sur l’intérêt artistique de la chose, pour obtenir ton adhésion, parce que tu n’es pas un homme d’argent et que, si tu l’étais, je ne pourrais pas davantage insister sur l’intérêt pécuniaire. Il est essentiel cependant que je te propose la participation aux bénéfices. Allons, mon vieux, un bon mouvement, ne réfléchis pas et dis moi-z-oui.

Ma femme se joint à moi pour vous envoyer à tous deux nos sincères amitiés.

                                                                                                                Louis Fleury

13 rue de Siam

 [1] « Petits Vents » surnom de la S.M.I.V. (Société Moderne des Instruments à Vent)

 

 

Source : Bibliothèque Nationale de France http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb398079214

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