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La Flûte et les Compositeurs Britanniques

Un aphorisme, assez largement répandu dans le monde musical, dit que « La flûte n’a pas de répertoire » , et un autre, trop souvent rencontré sur le continent, soutient que « La musique anglaise n’existe pas. » Si par conséquent je souscrivais à ces opinions fallacieuses, j’aurais peut-être quelque difficulté à traiter le sujet que je me suis fixé.
Mais comme tant d’autres, ces aphorismes sont absurdes. Il serait impertinent d’essayer de réfuter le dernier, qui est déjà amplement justifié par les musiciens britanniques et dont l’incorrection commence à être reconnue ailleurs ; et il serait facile de prouver la vacuité de la première…

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L’Évolution des Pratiques Musicales

Ma première intention, en m’asseyant pour écrire ce petit article, était de l’intituler « L’évolution du goût musical à Paris ». Mais à la réflexion, cela m’est apparu un peu trop ambitieux et, en même temps, un peu trop bienveillant. Parler de l’évolution du goût musical dans une grande ville, c’est dire que la musique y joue un rôle très important, que la majeure partie de la population s’y intéresse et qu’elle participe à l’éducation d’un peuple, au même titre que n’importe quelle autre domaine de l’enseignement. Or, à Paris comme à Londres, la musique, en tout cas la musique pure, est restée jusqu’à présent l’apanage de quelques élus, d’un petit monde très restreint, d’un monde dont la majorité des musiciens professionnels se tient soigneusement à l’écart, estimé par les habitués des concerts à quelque dix mille têtes tout au plus…

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La Musique de Chambre pour Instruments à Vents

L’idée de regrouper des instruments à vent, en plus ou moins grand nombre, avec ou sans l’adjonction du piano, mais à l’exclusion de toute corde, et de donner ainsi des concerts où l’on entend flûtes, hautbois, clarinettes, bassons et autres, apparaît encore à nos contemporains comme un ensemble plus ou moins intéressant, selon le goût de chacun, mais, en tout cas, comme une performance « en marge » de la véritable musique de chambre. On constate à juste titre que pour une très grande partie du public, la musique de chambre elle-même est légèrement en marge de la musique. Ainsi, dès qu’il s’agit d’instruments à vent, un grand nombre d’amateurs sincères font preuve d’une ignorance qui dépasse toute imagination. Les habitués des salles de concert qui auraient honte de confondre, de leur position élevée dans la fosse, la rangée des seconds violons avec celle des altos, sont incapables de faire la différence entre un hautbois et une clarinette, et se laissent encore duper en confondant le cor et le cor anglais…

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La Musique pour Deux Flûtes sans Basse

Une combinaison instrumentale nouvelle à l’oreille moderne a attiré l’attention du public et de la critique lors de l’exécution récente de la courte sonate de Ch. Kœchlin en trois mouvements pour deux flûtes sans accompagnement. L’oeuvre est celle d’un bon musicien et pourrait nous plaire uniquement par ses qualités intrinsèques, mais il est également intéressant de rappeler comment une combinaison fréquemment employée il y a un siècle est désormais complètement tombée en désuétude . « Un duo pour deux flûtes peut-il être beau ? » demande M. Jean Darnaudat dans un long et précieux article consacré à ce récital. « Il ne peut certainement pas y avoir », dit-il, « de nombreux exemples de ce type de littérature musicale, excepté ces petites bagatelles pour les élèves, comme les duos de violon de Mazas ou de Viotti qui n’ont que peu d’ intérêt musical »…

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La Voix et la Flûte

L’association de la voix et de la flûte évoque généralement à l’esprit l’apparition sur la scène de l’Albert Hall, d’une dame d’âge mûr et bien en chair, qui émet de petites notes semblables à celles d’un d’oiseau, tandis qu’un gentleman, plus jeune et plus frêle émet des sons correspondants à l’aide d’un tuyau en bois ou en métal. Le tout s’achève par un mariage, non pas nécessairement celui de la chanteuse avec le flûtiste, mais plutôt l’union de leurs deux voix qui devraient, selon les règles, ne faire qu’une au cours de la cadence finale…

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La Flûte et ses Pouvoirs d’Expression

Un petit roseau m’a suffi

Pour faire frémir l’herbe haute

Ainsi, M. Henri de Regnier – poète, romancier et académicien – est aimé des flûtistes parce qu’il adore la flûte. Il l’a vantée en vers et en prose, dans les poèmes de sa jeunesse et dans La Pécheresse, le roman de sa vie entièrement consacré aux exploits d’un flûtiste amateur. Et rien que pour cela, « La Pécheresse » devrait avoir une place d’honneur sur les étagères de chaque disciple de Pan… Malheureusement, son livre contient une grossière erreur technique, répétée comme une sorte de leitmotiv ; son héros joue de la flûte en gonflant les joues…

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La Musique Anglaise

On a coutume, sur le Continent, car cette façon de penser n’est pas spéciale à la France, de traiter la musique anglaise et les musiciens anglais avec quelque dédain. Les virtuoses qui désirent aller gagner de gros cachets outre-Manche mis à part, on considère généralement que la Grande-Bretagne est une contrée impropre à produire de la musique, et qu’il y a pour l’art musical sérieux ni producteur, ni public. Pour le Français moyen l’Anglais est nécessairement un être sans idéal et sans culture, dont la vie se partage également entre le négoce et le sport. Donc il ne peut être musicien. Si nous demandions aux personnes qui professent ces intransigeantes théories sur quoi elles fondent leur opinion elles seraient peut-être bien embarrassées de nous le dire…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 1. Les Dernières Années d’Ambroise Thomas

J’ai été élevé dans l’admiration d’Ambroise Thomas, et je lui dois, par surcroît, une des fortes émotions de mon enfance. Ma mère fut, en effet, une des cent mille personnes qui échappèrent, par miracle, à l’horrible catastrophe de l’Opéra-Comique. J’étais alors un tout petit garçon Nous habitions la province, à quelques cinquante kilomètres de Paris. Un matin de 1887, ma mère, ouvrant son journal, poussa un cri d’horreur : l’Opéra-Comique avait été, la nuit précédente, détruit par un incendie. Les victimes se chiffraient par centaines…

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La Grève des Tziganes

Par une singulière coïncidence, au moment même où s’imprimait mon article sur les syndicats de musiciens, une grève générale des orchestres dit « tziganes » éclatait à Montmartre. Si une grève n’avait pas, le plus souvent, tant de douloureux « à-côtés », je serais tenté de me réjouir d’un incident qui remet en sujétion en pleine actualité. Personne n’ignore, je pense, que les « tziganes » de nos établissements de nuit, sont, pour la plupart, d’excellents musiciens parisiens que les hasards de la profession ont poussé à revêtir la tunique à brandebourgs des hongrois et des roumains. Ce sont, pour le plus grand nombre, de fort habiles musiciens d’orchestre, et certains d’entre eux sont gens de talent…

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Histoires de Syndicats

Les musiciens d’orchestre ont, de tous temps, souffert de maux professionnels dont certains me paraissent incurables. L’organisation de la musique et de spectacles, à Paris, est, personne ne l’ignore, éminemment instable et fantaisiste. Je ne ferai point de personnalités ; j’espère ainsi ne blesser personne en affirmant que si l’on appliquas à l’industrie minière ou métallurgique, voire même à la couture ou à la mode, les procédés d’exploitations en usage au Théâtre, il s’ensuivrait une perturbation économique qui mettrait, à bref délai, la France par terre…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 2. Le Bâtiment – L’Administration

Certaines âmes sentimentales ont versé un pleur discret le jour où le coup de pioche des démolisseurs entama certaine vieille baraque qui ne demandait qu’à tomber toute seule. J’avoue que ce sacrifice m’avait laissé froid. Mais j’ai pleuré pour de bon le jour où commença de sortir de terre l’affreux temple germano-assyro-téléphonique qui l’a remplacée et qui déshonore à jamais le IX° arrondissement. Et dire que cette effarante bâtisse se trouvait juste dans la ligne de tir de la Grosse Bertha ! ILS l’ont respectée les misérables ; C’eût été cependant une bonne occasion, pour feu Joachim Gasquet, de justifier aux yeux des honnêtes gens le titre de son bouquin sur les Bienfaits de la guerre…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 3. Théodore Dubois – Dans les Hautes Sphères

Je connais assez peu Edouard Risler. Je l’ai applaudi souvent, rencontré quelquefois ; j’ai même eu le plaisir de jouer avec lui, à l’un de ses concerts au Nouveau-Théâtre où tout Paris s’écrasait, ce délicieux Bal de Béatrice d’Este qui pourrait bien être le chef-d’oeuvre de Reynaldo Hahn ; mais enfin nous ne sommes pas liés. Ce que je puis dire c’est que son Art et sa personne m’ont toujours été sympathiques et que, si cette sympathie pouvait être renforcée, ce serait par la lecture du programme d’un de ses récents Récitals. C’est peu de chose, l’introduction d’un petit morceau de Théodore Dubois dans un programme de virtuose ; encore fallait-il y penser…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 4. Les Classes d’Harmonie et de Solfège

Je suis entré dans la vie artistique à l’époque de la littérature symboliste, des bandeaux de la Vierge, des cabarets de Montmartre, de la Reine-bicyclette et du hideux Art Nouveau.
Bien que la pornographie n’ait pas atteint encore les profondeurs de l’après-guerre, ce n’était pas une époque pudibonde ; mais les Administrations publiques et l’Université gardaient un reste de préventions contre le mélange des sexes…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 5. Les Pianistes

Répartis en dix classes, cinq préparatoires et cinq supérieures, cent jeunes forçats des deux sexes broyaient l’ivoire sous la férule de Maîtres d’âges et de mérites divers. Déjà, parmi les élèves, l’élément féminin dominait, mais trois dames seulement avaient l’honneur de professer dans l’établissement. Encore ne leur avait on confié que des classes dites « de clavier »…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 6. Les Cordes – Trois Inséparables

Un petit homme fluet, serré dans un mince pardessus de demi-saison, sous lequel il devait geler, lorsque la bise glaciale de février s’engouffrait sous le porche, la figure fine et un peu banale d’un peintre en porcelaine ou d’un modeleur de statuettes, avait charge des jeunes violonistes d’une classe préparatoire. Il s’appelait Desjardins. Pendant quelques années il eut comme collègue le grand, l’admirable violoniste Maurice Hayot, un des vrais Maîtres français du violon, qui n’a pas su, ou n’a pas voulu, ou n’a pas pu prendre la place qui lui revenait dans la hiérarchie des virtuoses, c’est-à-dire une des premières…

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Souvenirs d’un Flûtiste – 7. Le Chant – Comédiante Tragédiante

Parmi les nombreuses calomnies déversées sur notre glorieuse Ecole Nationale, la plus noire et la plus tenace est bien celle qui représente l’école du chant au Conservatoire comme inexistant. Les hommes sont bien méchants. Ils l’étaient en 1895 ; ils le sont encore et il le seront toujours . Certes toutes les grandes Etoiles ne sont pas sorties du Conservatoires et les plus illustres parmi les chanteurs ont appris leur métier ailleurs. Mais si vous ouvrez un vieux palmarès ou, mieux encore, l’indispensable et monumental « Constant-Pierre », vous y constaterez que la plupart des fonctionnaires qui ornent le plateau de nos deux grands subventionnés, sortent de notre Ecole Nationale…

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Les Sept Plaies de la Musique – 1. Le Billet à Prix Réduit

Ma première expérience du système des billets à droits remonte à quelque trente ans. C’était alors une nouveauté. Au cours de l’été torride de 1895, d’aimables voisins me confièrent obligeamment qu’ils pouvaient se procurer des billets de faveur pour le Théâtre du Château d’Eau et me prièrent de me joindre à eux. C’était le moment où une vague de charité féminine déferlait sur Paris. Tous les matins, dans Le Journal, Séverine vidait ses glandes lacrymales, qu’elle a fort développées, sur une nouvelle infortune ; et tous les après-midi, une étoile de beuglant, Eugénie Buffet, chantait dans les cours au profit des pauvres. Elle faisait cela comme l’oiseau respire, son genre de talent ayant trouvé là son véritable cadre…

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Les Sept Plaies de la Musique – 2. Conte de Noël

…Qui donc disait que nous n‘avons plus d’hiver ? Durant quinze jours Paris est resté sous la neige. A l’aigre bise qui vous coupait le visage a succédé la pluie et la tempête. Ce fut l’hiver, le vrai hiver des cartes postales illustrées et des almanachs, l’hiver traditionnel que nos enfants ne connaissaient pas. On gela partout. le chauffage central devint capricieux. Il marche encore dans les ministères, il va moins bien dans les écoles de l’Etat. Il s’est notamment arrêté dans les étages supérieurs de certain grand établissement. Les élèves tiennent bon : ils ont la ressource de rester chez eux. Les professeurs s’entêtent à faire leur classe et l’un d’eux y a gagné une bonne pleurésie dont il est mort en huit jours. Il faut bien faire de la place aux jeunes…

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Les Sept Plaies de la Musique – 3. Le Récital

J’écris ces lignes sous l’oeil réprobateur de ma fille « Papa ! » m’a-t-elle dit, écarlate d’indignation « Tu ne vas pas écrire que le Récital est une plaie !… » Elle est jeune ; elle travaille le piano ; je l’ai emmenée récemment entendre Risler ; elle en est revenue éblouie. De plus, elle a entendu dire qu’en Scandinavie, les artistes qui venaient de donner un Récital étaient reconduits jusqu’à leur hôtel par d’enthousiastes auditeurs qui les obligent à paraître au balcon…

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Les Sept Plaies de la Musique – 4. L’Affichage

Il s’en est fallu de peu qu’un affreux accident vînt, ce matin même, ensanglanter le paisible quartier de Passy, et jeter la consternation dans les milieux artistiques. J’en parle avec d’autant plus d’émoi que la victime présumée n’était autre que moi-même. La chose s’est passée rue de la Pompe, à l’angle de la rue Nicolo. Perdu dans la contemplation d’une palissade bariolée, je traversais de biais cette voie mouvementée lorsque je sentis sur mes reins la caresse (je dis la caresse, car il n’y avait pas eu choc) du capot d’une limousine. Le chauffeur avait pu freiner à temps…

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Les Sept Plaies de la Musique – 5. Les Parasites

Mes plus anciens souvenirs de théâtre remontent aux environs de l’année 1886. Nous habitions, ma mère et moi, une laide petite ville de l’Ile de France. Mon oncle et sa famille s’enorgueillissaient de vivre dans la Ville Lumière. A cette époque, la mode n’était pas venue d’échanger, au temps des vacances, un petit garçon français contre un boy britannique, mais nous pratiquions ce système en famille. Mes cousins manquaient d’air ; je manquais de distractions. Ils passaient donc leurs vacances sur les bords de l’Oise, cependant que je venais me rafraîchir les poumons sur les berges du quai d’Austerlitz…

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Les Sept Plaies de la Musique – 6. La Musique à Toutes les Sauces

L’enveloppe armoriée que me remit, au sortir du Casino, un grand diable de valet galonné, contenait ces simples lignes :

« So sorry to have missed your Recital. Come and have a rest with us. It will be delightful ! The motor is waiting for you at the door. »
Pour les personnes qu’un long séjour sur la Côte d’Azur n’a pas familiarisées avec la langue du pays, je traduirais ainsi cette aimable missive, que je reconnus tout de suite comme émanant de ma vieille amie, cette bonne toquée de Lady Smithsfield :
« Désolée d’avoir manqué votre Récital. Venez vous reposer à la maison. Ce sera délicieux ! L’auto vous attend à la porte.»…

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Les Sept Plaies de la Musique – 7. La Musique à l’Oeil

Mes débuts dans la carrière artistico-mondaine remontent aux environs de 1899 et l’homme éminent qui m’en a ouvert l’accès n’est autre que mon vieil ami Le Dard, concierge du Conservatoire, ami et soutien des jeunes artistes, philanthrope né et « homme de bonne humeur », ce qui est rare chez les philanthropes.
Un matin de printemps, comme je me disposais à gagner la classe Taffanel, l’excellent homme me tendit sa main cordiale et m’apprit triomphalement « qu’il avait une bonne affaire pour moi »…

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À Propos du Pierrot Lunaire

L’une des difficultés – voire des attraits – de la vie d’un virtuose est le changement perpétuel de public. Chaque différence de salle, de ville ou de latitude l’oblige à s’acclimater physiquement et moralement. Les cordes vocales et les cordes de violon sont affectées par un changement de climat de la même manière, et d’une douzaine de façons différentes ; et puis, encore une fois, de même que l’interprète doit prendre le LA local dans chaque ville où il se rend, de même, il doit obtenir le LA de l’auditoire avant le jour « J ». S’il a suscité la veille l’enthousiasme d’une cité industrielle, l’accueil qui lui sera réservé le lendemain dans une ville à vocation administrative ou diplomatique pourra être tout à fait différent. Seul un artiste ayant fait une longue tournée dans un pays nouveau, connaît ces craintes perpétuelles et cette tension nerveuse incessante. Et, après tout, sans eux, sa vie serait trop facile et bien ennuyeuse…

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